Du FRAC, du porc, du Buren, du phosphène et d’une Biennale d’Art Contemporain

un dandy jaunâtre

il HO à l'oeil

violence intra cojuguale

Du FRAC, du porc, du Buren,  du phosphène et d’une Biennale d’Art

Contemporain

Tous les deux ans, je lis avec gourmandise, le dossier de presse de la Biennale de Lyon, car c’est une friandise qui s’améliore sans cesse dans la préciosité conceptualo- langagière et la pétillante imbécilité… des qualités rares, comme je les aime, car avec elles, ma tâche  de vitrioleuse est  facilitée : il n’y a qu’à copier-coller les plus savoureux passages…et je vous en ai sélectionné deux ou trois.

Cette année, ça s’annonce assez copieux dans le genre, et ça commence hardement avec cette affiche de l’événement ( que je vous joins) où l’on voit un garçon avec un œil au beurre noir à côté d’une fille sans aucune anomalie physique détectable à premier examen

Qu’est-ce donc ? Mon Dieu ! par Sainte Thérèse de Lisieux et Sainte Catherine Millet réunies, par Saint Deleuze et Saint Derrida qui êtes aux Cieux, que s’est-il bien passé ? me demandai-je, terrifiée…et je subodore d’emblée le terrible « questionnement sociétal » propre à ce genre de manifestation d’art terriblement  contemporain. Quoi ? La bonne dame  aurait-t-elle flanqué un méchant coup de tête à son ci-devant bien aimé ? S’agirait-il alors d’une performance subventionnée  pour la défense des maris battus et comme cadeau d’anniversaire des trente ans du FRAC local?
Ou bien,  autre hypothèse tout aussi plausible :  l’évocation d’un nouveau procédé de production d’images, le phosphène, qui est ce que l’on voit quand on s’administre un bon coup de poing  dans l’œil : une symphonie chromatique aléatoire d’éclairs très psychédéliques… Le phosphène, qui aux arts visuels, ce que l’acouphène est .aux arts auditifs et le sapuphène aux arts olfactifs, est en effet une pratique créatrice de plus en plus répandue, dit-on, chez les jeunes artistes en mal d’émergence sur la scène artistique internationale, et c’est une discipline qui va , dit-on encore, entrer bientôt dans le cursus des meilleures Ecoles de Beaux-Arts françaises.

Troisième hypothèse, qui apparaît encore plus probable, lorsqu’on commence à lire les textes : c’est que cette photo choc a été choisie par le service de  com’ pour son adéquation avec le thème de cette Biennale qui est « le récit » ,. Titre évoqué d’ailleurs par le sous-titre bien visible à côté de l’œil poché : «  entre-temps, brusquement , et ensuite » qui sont les locutions habituellement employées par celui qui raconte pour ponctuer sa narration. L’œil ravagé implique donc l’existence d’un récit afférent, d’une histoire à raconter …et c’est le fait divers sordide  exemplaire d’une violence intra-congugale où le garçon se fait frapper parce qu’il avait osé dire à sa douce fiancée qu’il en avait marre de cette société matriarcale… D’où la pertinence en effet du choix de cette image épouvantable pour bien indiquer que le questionnement sociétal est le propos central de cette biennale, en même temps, bien sûr, que de se conformer à l’esthétique du financial art international qu’il s’agit, comme le prône le ministère de la culture,  de mettre à la portée du grand public, et des masses laborieuses, etc.

Alors, on va voir sur internet ce que font les jeunes artistes cités pour figurer dans cette biennale, et l’on tombe par exemple sur l’américain Karl Haendel  dont le sujet, très sociétal en effet , est de dénoncer la prolifération des armes à feu au USA (voici le lien http://www.biennaledelyon.com/fr/videos.html )…Et l’on tombe sur la française Lili Reynaud-Dewar. : http://www.dailymotion.com/video/xo8rvy_interview-lili-reynaud-dewar-fr_creation#.UXo9uoKWd7w   qui nous fait un récit de ses problèmes domestiques et de cette névrose propre aux ménagères qui ont plus de cinquante balais, parmi l’indescriptible désordre, en fond d’image, de caisses et ustensiles divers que  la dite ménagère a installé dans  son appartement.
Et l’on tombe enfin sur le fabuleux et très performatif Roal Romano Choucalesco, dont je vous recommande expressément cette fracassante vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=G0WoW7hbOWA&feature=related

Et puis, comme promis au début de ce texte, je vous fais un copié-collé d’un extrait de la préface  du directeur de cette biennale :
« Depuis sa cre?ation en 1991, je propose aux commissaires que j’invite de re?fle?chir a? un mot- cle?. Celui-ci vaut pour trois e?ditions successives. Puise? dans l’actualite? imme?diate, a? l’usage fre?quent et aux amplitudes se?mantiques incertaines, ce mot appelle une interpre?tation artistique autant que socie?tale. Il y eut d’abord Histoire en 1991, puis Global en 1997, Temporalite? en 2003 et enfin de 2009 a? 2013 : Transmission.
Au mot Transmission que je soumets a? Gunnar B. Kvaran, celui-ci me re?pond de fac?on litte?rale par Re?cit.(…)  Pour Gunnar B. Kvaran, poser re?cit a? co?te? de transmission c’est par conse?quent e?noncer l’e?vidence de ce qui se passe («Le re?el est ce qui se passe» dit le philosophe). Au ne?o- modernisme qui emplit nos murs et les patine d’une douce nostalgie, Gunnar B. Kvaran oppose une nouvelle attention a? la forme. Car c’est une forme ine?dite de pense?e. Et la forme de cette pense?e est probablement ce qui dit le plus. Les histoires peuvent e?tre bonnes, mais ce qui les distingue au bout du compte on le sait, c’est la pertinence de leur forme, car c’est elle qui cre?e le sens en formant le re?cit. Le Petit Prince a dit : « Raconte- moi une histoire », et le poe?te l’a dessine?e. »

Moi, ce que j’aime bien dans ce texte, outre « la patine de douce nostalgie », outre la souplesse  du phrasé, et outre l’exquise  sophistication du propos, c’est  la formule : « mot-clé aux amplitudes sémantiques incertaines »…,autrement dit un mot qui veut dire n’importe quoi, ou plutôt rien du tout, mais sur lequel on est tout de même invité à puissamment réfléchir….au cas où il y aurait un mystérieux sens caché dans quelque anfractuosité sémantique. Et puis j’aime bien aussi l’allégorie du  Petit Prince qui voit son œil joliment encocardé par le conteur-poête subventionné…

Amplitude sémantique approximative,  tête de porc et pétillante imbécillité.

Ah ! J’allais oublier : parmi les 4 images qui feront la signalétique de l’événement BAC Lyon, outre le garçon à l’œil poché, la fille quelconque, l’autre qui souffle dans un ballon, il y a cette tête de porc que je vous joins… Oui, pourquoi pas une tête de porc ?… à l’amplitude sémantique très incertaine en effet, parce que nulle part il nous est précisé à quoi cela fait allusion.

Et puis comme promis : voici un deuxième savoureux passage de la préface écrite par le directeur de cette biennale : « C’est au mi-temps des années 80 du siècle dernier qu’apparaît un nouvel héros « universel » : le Texte.
Il est né de l’union hiérogamique du structuralisme européen et de la textualité universitaire états-uniène, mais il gagne bientôt le reste du monde pour devenir un « intertexte », puis un « supratexte , généralisé, avant d’être le « cybertexte » des réseaux que l’on connaît.
Frédéric Jameson ( Dans son livre « la logique culturelle du capitalisme tardif » ) le dira comme ça : «  l’ancien langage de « l’œuvre », se voit partout remplacé par le langage assez différent du texte et de la textualité. Un langage dont est stratégiquement exclue la réalisation de la forme. Aujourd’hui, tout peut être un « texte » en ce sens (la vie, le corps les représentations diverses), alors que les objets qui étaient auparavant des « œuvres » sont désormais susceptibles d’être relus comme immenses ensembles de systèmes de diverses sortes »…. Autrement dit, et pour traduire cet hyper- galimatias  cyberabscons en langage simple : Aujourd’hui le texte remplace l’œuvre, le discours sur l’art remplace l’art, le baratin remplace la mise en forme, le pédant fonctionnaire remplace l’artiste, le contenant remplace le contenu, etc… Mais cela, on l’avait déjà remarqué. On avait déjà compris aussi que « l’intertextualité » en art était ce phénomène récent qui se produit lorsque tel texte initial engendre un autre texte commentaire, puis un autre, puis un autre, de telle sorte qu’apparaisse une gigantesque enflure logorrhéique, autoréférencée, à l’usage des seuls initiés membres de l’AICA, totalement délirante, communautariste, fermée sur elle-même et qui n’a plus rien à voir, ni avec le sujet du texte initial, ni avec l’art, ni avec quoi que ce soit d’ailleurs qui ait figure humaine.
Mais le comble, c’est de voir maintenant tous ces  rhétoriciens patentés et/ou  fonctionnarisés  de l’enfumage discursif comme le Directeur de cette Biennale, premiers producteurs de cette crème fouettée  intertextuelle sur fond de néant, complices systémiques  du capitalisme business art, convoquer un philosophe marxiste pour mieux nous faire avaler leur bidouillage verbeux, pédant, confus et incohérent, macédoine de mots et de concepts qu’ils utilisent  sans en maîtriser l’assemblage, mais qu’importe, pourvu que leur vertu sonore et incantatoire impressionne les sponsors et autres instances subventionnantes…et tous les gogos culturolâtres et je m’la pète contemporain.

Connaissez-vous la « langue » de Teresa Margolles ?

C’est une artiste adepte du ready-made et du story telling artistico-sociétal tel que celui présenté à la Biennale de Lyon. Cette artiste émergente a proposé à la me?re d’un punk de?ce?de?, sans moyens pour enterrer son fils, d’ e?changer un cercueil contre « une partie du cadavre , en l’occurrence la langue (donc le récit) qu’elle exposerait comme un ready- made » à la BAC lyonnaise…
Il  est question de cette œuvre très  « narrative », porteuse d’un vrai récit,  processuelle et discursive en diable , dans un texte de Christine Sourgins qui figure parmi  le grand dossier Marcel Duchamp publié dans l’actuel numéro du Magazine Artension. Numéro où figure également un texte de moi, que j’ai écrit tout spécialement pour ce dossier.

Les trente ans des FRAC : une honte nationale (mais une richessse selon le journal Le Monde)

J’ai lu, dans le monde du 24 avril, les trois pages d’un grand dossier destiné à  commémorer l’anniversaire des trente ans des FRAC et intitulées «  Les trente ans des FRAC, une richesse nationale »
Le texte introductif de Madame Lequeux, se termine ainsi à propos  du FRAC-Lorraine : « Un des axes importants de cette remarquable collection : les œuvres immatérielles. Première en France a avoir osé acquérir une œuvre de Tino Seghal (artiste international dont les œuvres exigent de n’avoir aucune trace d’elles-mêmes, ni textes, ni factures , ni rien), Béatrice Josse accumule le désincarné, « par goût de la performance autant que par nécessité, dit-elle…Car cela m’amuse de souligner que le capitalisme est capable d’acheter tout et n’importe quoi !»…Et si notre richesse nationale, au-delà des 26000 œuvres rassemblées, était aussi dans la pluralité – immatérielle – de ces regards ? »…En fait d’accumulation de  désincarné, je crois que nous avons avec ce texte l’incarnation même de cette pétillante imbécillité dont je parlais plus haut, relevée  ici par un cynisme d’une au moins égale pétillance…

Je dois dire qu’une telle flagornerie vis à vis de l’ appareil étatique me rappelle celle de la Pravda au joli temps du soviétisme, .. pire encore quand aujourd’hui, elle se voit augmentée de la même flagornerie vis à vis de la branchitude néo-capitaliste trash new-yorkaise telle qu’on peut la voir en couverture d’un récent supplément du Monde avec cette image que je vous joins de ce dandy jaunâtre  et édenté, ex junky recyclé dans l’art contemporain, et  qui occupe 15 pages du dit supplément à nous montrer ses différents accoutrements, à faire vomir les grands couturiers, mais comme illustration assez exacte de l’esthétique néo-décadente de  la haute finance néo-libérale.

On dit du Monde, qu’il est un journal «sérieux. Je pense qu’il ne l’est plus et que s’il voulait le redevenir il se séparerait de Madame Lequeux ( et pourquoi pas de Messieurs Dagen et Bellet par la même occasion) pour engager des journalistes d’art plus ouverts , inspirés, proches de réalités, moins mondains et cyniques, engagés et francs du collier et qui soient capables de faire  le véritable et libre travail d’information et d’investigation que les lecteurs attendent, au lieu de leurs  habituels et très ennuyeux  textes formatés , pénibles, pédants, et inutilement révérencieux..

Car si le Monde devenait un journal sérieux, voilà ce sur quoi, notamment,  il pourrait nous fournir informations et explications :
– comment il se fait  que cette dame, directrice de FRAC puisse s’amuser à assouvir son penchant personnel à « l’accumulation du désincarné »,  en utilisant  l’argent et un dispositif publics sans contrôle semble-t-il des commissions ad-hoc et comités techniques paritaires prévus pour le choix des œuvres à acheter ?

– Comment cette même personne  peut sans aucune vergogne  énoncer cette énormité : « cela m’amuse de souligner que le capitalisme est capable d’acheter tout et n’importe quoi !». Et montrer  en quoi cette formule exprime bien l’esprit délétère des FRAC et leur collusion patente avec le cynisme odieux type Maurizzio Cattelan du grand marché spéculatif

– Comment, pourquoi, en fonction de quels critères, à l’issue de quelles délibérations, par quel retour d’ascenseur, par quelle rencontre de couloirs, à quel prix, à qui, à quelle date, chacune des 26000 oeuvres des FRAC a été achetée. Et si ces informations ne sont pas disponibles, nous expliquer les raisons de cette  non-transparence ou les bienfaits  de l’opacité ou du secret-défense dans ce domaine.

– A quel prix revient, pour la collectivité publique, l’unité visiteur de FRAC, en prenant bien en compte le nombre exact  des vraies visites (sans comptabiliser les voisins  qui viennent seulement boire un coup à la buvette, ou les gamins de maternelle qu’on y traine de force) et le coût total :  achat des œuvres, frais d’entretien restauration, salaires (une dizaine par FRAC), frais de restaurant et de voyages et frais de fonctionnement, etc.

– Pourquoi l’inaliénabilité de ces collections hétéroclites, achetées selon les fantaisies et pulsions mondaines  de petits fonctionnaires arrogants à la pensée ratatinée, sans aucune durabilité ou valeur  patrimoniale, qui se dégradent ou pourrissent très vite,, etc…Et pourquoi dans le même temps,  ces mêmes  FRAC ignorent 95% de la création actuelle ainsi ringardisée et disqualifiée, et parmi laquelle cependant résident les œuvres qui auront , elles , valeur patrimoniale…le jour bien où on en aura fini avec cette immense farce de l’art contemporain indexée à l’immense farce de la finance internationale.

– Nous donner les raisons systémiques de ce gâchis, nous donner la liste bibliographique de tout ce qui a été écrit sur le sujet, mais que l’on cache pudiquement : voilà ce que le Monde s’honorerait de faire…

– Nous expliquer pourquoi et comment, en ces temps de pénurie budgétaire et de restriction de la manne publique, les FRAC activent ce qu’ils appellent joliment les « publics empêchés » : hôpitaux, prisons, maisons de retraite, écoles maternelles, handicapès mentaux, non-voyants, banlieues défavorisées, etc. qui sont, comme objets de prédilection des opérations de marketing  caritatif, d’excellents capteurs de subventions. publiques parce qu’accélérateurs des glandes lacrymogènes de ces messieurs et   dames patronnesses férus d’art contemporain.…Pourquoi, parallèlement, ils activent le mécénat privé dans la plus belle confusion des genres où le marketing d’entreprise se trouve en parfaite symbiose avec le marketing culturel et le marketing de la commisération.

– Pourquoi nous avons, dans ces trois pages du Monde, les encadrés- interviews des ci-devant Vincent Lamouroux et Anita Molinero, qui sont l’exemple même de ces sbires  multicartes du soviétisme néo-libéral d’Etat, à la fois artistes, professeurs en école d’art, commissaires d’expo, critiques d’art, conférenciers, membres de commissions et jurys divers et parfois galeristes privés… Parfaits spécimens de ces innombrables cumulards multicasquettes, qui peuplent les réseaux institutionnels et para-institutionnels et qui  font de cet art des FRAC le produit d’un appareil  parfaitement fermé et opaque et de conflits d’intérêts systémiques passibles des tribunaux.

– Expliquer l’apparition de ces petites et coûteuses enflures architecturales qui veulent imiter le  Guggenhein de Bilbao,, comme la grenouille le bœuf,  dans quelques villes de France ( la plus belle , intitulée Les Turbulences, est à Orléans), pour abriter le FRAC local, alors , qu’autant que je sache, un FRAC n’a pas fonction muséale..

– et le reste à l’avenant…

Oui, le Monde, s’il redevenait un journal sérieux, publierait un contre-dossier d’autant de pages sur les FRAC et l’intitulerait «  Les trente ans des FRAC, une honte pour la France » … toute l’info est disponible, pour peu que Le Monde, veuille bien se préoccuper des réalités dans le domaine de l’art d’aujourd’hui.

La patate chaude de l’art contemporain , est-elle préhensible par le politique ?

Le mercredi 24 avril, Raphaël Jodeau rencontrait au Sénat Marie-Christine Blandin, sénatrice écologiste présidant la Commission sur la culture et la communication.

A cette occasion, le Délégué général de Sauvons l’art ! a remercié la sénatrice pour son parrainage du colloque organisé par l’association le 23 janvier dernier.
Ils ont ensuite échangé sur les propositions qui ont été faites lors de cet événement afin de déterminer quelles mesures étaient indispensables pour améliorer la situation de l’art en France.
Raphaël Jodeau a insisté sur le fait que l’association Sauvons l’art ! avait une détermination absolue à venir en aide à toutes les personnes qui souhaitent le retour de la diversité et de la transparence dans l’art, et mis à disposition de la sénatrice l’expertise de ses collaborateurs pour les travaux communs à venir…. A suivre donc car demain n’est pas la veille où le politique (écolo- mélanchonesque en particulire) comprendra que ce qui se passe dans cet art contemporain devrait être  son affaire

Luc Ferry se lâche sur les FRAC… sans aller au fond…

Fric-frac : des impostures de l’art contemporain

La chronique de Luc Ferry dans le Figaro

Excellente enquête,  dans le dernier numéro  du magazineCapital, sur  ces temples de l’inculture que sont les fonds régionaux d’art contemporain (Frac). Créés comme il se doit par Jack Lang,  ils reposent sur l’idée, au premier abord sympathique, en réalité fallacieuse,  que l’art contemporain étant «difficile», trop «audacieux» pour être compris d’entrée de jeu par «la populace abrutie» (Kandinsky),  il devait être subventionné par l’argent public. Fadaise de gauche biaisée  à la racine, erronée dans son principe même, mais qui plus est consternante  de bêtise et de snobisme dans les applications auxquelles elle donne lieu  la plupart du temps. Bien entendu, elle fut plébiscitée par les artistes sans art et sans talent: au lieu d’avoir à convaincre un public, ils ont pu se contenter, souvent grâce au copinage, d’écouler leurs productions indigentes aux frais du contribuable. Je ne le dis pas à la légère: je vais en donner dans un instant quelques exemples particulièrement accablants. Mais revenons un instant encore sur l’idéologie qui sous-tend ces Frac: ils reposent sur cette mythologie avant-gardiste selon laquelle le génie étant par nature «en avance sur son époque», donc forcément incompris en son temps, il faut l’aider jusqu’à ce que son art rencontre enfin le public mérité. Pourtant, la réalité historique contredit de part en part cette conception élitiste, pour ne pas dire stalinienne, d’une «aile marchante» inspirée par des «guides géniaux» tirant le chariot de la «masse récalcitrante» (Kandinsky encore). La vérité, c’est que, en dehors d’une très courte période et d’un «modernisme» exacerbé propres au seul XXe siècle,  les artistes véritables et les écrivains  les plus authentiques n’ont jamais été des marginaux, méconnus et miséreux. Picasso lui-même, qu’on l’aime ou non, fut de son vivant une incomparable star, plus riche et adulée que Mike Jagger  ou Marilyn Monroe.
Même chose dans le domaine philosophique  et littéraire, où les plus grands furent reconnus bien avant leur mort.  Du très fortuné Voltaire jusqu’à Sartre, Heidegger ou Camus, nos philosophes les plus importants, y compris justement les plus «difficiles», furent de véritables célébrités «médiatiques». La notoriété de Rousseau, déjà, était telle, notamment après la parution deLa Nouvelle Héloïse, qu’on le reconnaissait dans la rue d’après les gravures publiées dans ses livres. Aux conférences  de Kant, élégantes, ministres et grands bourgeois se pressaient comme  à une finale de Rolland-Garros. Quant  à Victor Hugo, il connut honneurs et reconnaissance dans des proportions  qui feraient pâlir d’envie les chanteurs  et acteurs populaires d’aujourd’hui.  Qui oserait dire pour autant qu’il ne fut pas un génie et peut-être même,  selon le mot fameux de Gide, le plus grand poète français, «hélas» ?  Or ces grands hommes n’eurent jamais, ni de près ni de loin, le moindre besoin d’être subventionnés par qui que ce soit. La vérité, c’est que l’aide de l’État permet trop souvent à des impostures d’une rare vulgarité de se faire passer pour des chefs-d’œuvre. Ainsi de cette grotesque palette de chantier, absolument d’origine, achetée à «l’artiste» Eva Marisaldi pour la somme de 20 000 euros, ou encore de ces quatre tubes d’échafaudage rouillés, eux aussi en tous points semblables à ceux qu’on voit partout dans nos villes, acquis pour la somme de 22 000 euros!
Dans le même style, des banderoles syndicales en faveur des sans-papiers, banderoles récentes, je le précise, qui n’ont donc aucune valeur historique ni la moindre signification artistique, se sont vendues 16 000 euros! Bref, on répète et ressasse ad nauseam, cent ans après, mais sans la moindre audace et avec l’argent du contribuable, ce que Marcel Duchamp avait déjà fait mille fois à une époque  où, au moins, il se risquait encore  à «choquer le bourgeois». Disons le clairement: si ces choses immondes se trouvaient dans le hall de mon immeuble, je prierais mon gardien d’appeler d’urgence les services de la Ville pour nous en débarrasser.  Que ceux qui veulent les acheter le fassent, c’est bien leur droit, mais,  de grâce, sur leurs deniers propres! Qu’il se trouve des gens assez snobs  et incultes pour payer cette camelote  à prix d’or est une chose, mais qu’ils prennent dans nos poches pour  y parvenir au nom de leur conception aberrante de la culture en est une autre. En lisant ces lignes, les gardes rouges  de l’art contemporain vont crier  au fascisme. Qu’importe, le roi est nu  et il est temps de le dire.
http://www.lucferry.fr/

« Cela dit, Luc Ferry est quelqu’un de tout à fait estimable »

Je vous joins ce très pertinent commentaire d’un lecteur

j’ai lu le papier de Luc Ferry dans le Fiagro et l’article de Capital auquel il fait référence. Il a raison, mais il joue sur du velours avec les exemples qu’il donne. Et puis la notoriété du vivant de l’artiste ou de l’écrivain, c’est un peu vite dit. Hugo a eu des funérailles nationales, certes. Verlaine, un enterrement de misère sans personne. Qui connaît Bissière? Ou Otto Freundlich qui ne mangeait pas tous les jours à sa faim ? Je pourrais citer des artistes de grande qualité morts dans le dénuement. Van Gogh, ce n’est pas non plus une plaisanterie. L’état des lieux est plus compliqué à faire. Et, il ne faut pas non plus exonérer de leur responsabilité les acteurs politiques. Quand Ferry était ministre, Aillagon était rue de Valois. A peine entré en fonction, celui-ci inaugurait une grande exposition Buren. Or, Ferry qui disait alors  que l’homme des colonnes était « un vrai con », n’a rien dit à son collègue. De plus au ministère de l’éducation nationale, son conseiller aux arts plastiques, un type qui avait inventé l’agrégation d’art plastique, soutenait que le Mac/Val faisait du bon travail ! Cela dit, L. Ferry est quelqu’un de tout à fait estimable. Avec tout de même une part de comédie dont il ne se débarrasse pas entièrement quand il parle ou écrit sur ces sujets.

Faudra-t-il mettre un jour le contenu de tous les FRAC à la poubelle ?

Probablement…tout comme celui des biennales de type lyonnaise, puisque cela procède du même système global bureaucratico-médiatico – financier imbécile. Le problème qui se posera alors sera tout de même de séparer les 10% de vrais créateurs qui y figurent par je ne sais quelle heureuse erreur de casting, des 90 % de faiseurs opportunistes, puisque la principale « vertu » de ce système global aura été de tout mélanger, de détruire les vrais critères d’évaluation qu’il faudra donc reconstruire,  réhabiliter, et enlever  des sales pattes  du couple fonctionnaires – spéculateurs

Mon blog sur ragemag.fr
Allez sur ce site qui remet bien les pendules à l’heure des gens sympas
J’y tiendrai donc causette régulièrement en complément de mes chroniques
http://nictonnarcontanporin.ragemag.fr/trente-ans-frac-honte-nationale/

et voici mon  récent ajout sur ce blog:
C’est quoi cette poilade burénienne?
Avec Buren en vedette armoricaine (voir photo jointe)

Je vous joins cette image où l’on voit, à droite, notre outilleur visuel et anartiste de notoriété internationale, Daniel Buren, se poiler comme jamais il ne le fait, lui qui affiche plutôt d’habitude, ce  petit sourire entendu de l’homme pénétré de l’intensité de sa permanente réflexion sur l’art, tel le Sphinx  seul capable de déchiffrer l’Enigme du monde à travers  la grille de lecture de sa  bande verticale régulièrement espacée de 7,5 cm.
A droite, l’homme à l’élégant tombé-semi tirebouchonné de  foulard  Cacharel, et à l’hilarité moindre, c’est Jean Schalit, homme de presse, créateur de « Clarté » le journal des jeunes communistes dans les années 60, puis du journal gaucho-mao-spontex un rien kampoutchéa démocratique « Action » post soixante huitard, puis, beaucoup plus tard, du journal « La Truffe », après de nombreuses participations à plein de canards plus ou moins de gauche et extrème gauchiasse tout au fond du couloir, furieusement anti-bourgeois…Et puis maintenant gardien – chef du Jardin de Grand Launay à Lanrivain en Bretagne, où justement notre outilleur visuel doit intervenir in-situ, comme d’hab’, pour donner plus de visibilité au grand menhir qui se trouve au centre de ce jardin.
Et voilà ce qu’on lit dans le canard local, dans le plus pur dialecte  bas-breton : « Le charme du Centre-Bretagne a touché Buren au coeur… Et l’oeuvre que ce grand artiste va créer dans le jardin extraordinaire du Grand-Launay, à Lanrivain, devrait être particulièrement inspirée (…) L’auteur des fameuses colonnes du Palais royal, à Paris, a été sollicité par son ami Jean Schalit, maître du Grand-Launay, jardin classé remarquable, pour « poser la première pierre » du Festival  « Lieux mouvants », qui s’y déroulera début juin. »
Bon, d’accord, mais tout cela ne nous explique pas l’hilarité des deux compères…
1-première hypothèse : ils se bidonnent en pensant au grand menhir que Buren va recouvrir de bandes verticales noir et blanc, avec plein de petits menhirs  en plastoc disposés tout autour comme  les colonnes du Palis Royal.
2- Deuxième hypothèse, et la plus probable : Buren vient de raconter à son vieux pote au lourd passé révolutionnariste comme lui, ,  sa récente participation à la conception du nouveau design des sacs Vuitton et des foulards Hermés et du pactole qu’il a touché pour avoir permis qu’on sculpte ses fameuses bandes dans la roche des caves du Champagne Pommery….Et c’est bien, à mon avis cette énorme farce qu’ils ont joué au grand Kapital et à l’Etat culturel (et à la montagne de pognon que notre bidouilleur visuel a obtenu des  deux à la fois) qui les fait se marrer comme des malades…

De quoi la contre-culture est-elle le oui ?
Colloque organisé par la Halle Saint Pierre &Le Collège International de Philosophie, et abcd (art brut connaissance & diffusion) dans le cadre du Festival de l’Imaginaire
Samedi 22 et dimanche 23 juin 2013
Maison des Cultures du Monde 101 Bld Raspail  – 75006 Parisentrée libre sur réservation :
01 42 58 72 89
http://www.hallesaintpierre.org/2013/01/3794/

Allez sur internet !

, sur Mic Mag, le magazine des médias libres : www.micmag.net/es/voz-libre , sur www.actuartlyon.com
sur http://ragemag.fr/  et sur le site Défi Culturel :  http://www.sauvonslart.com/

Allez sur facebook !
http://www.facebook.com/profile.php?id=100003611733859
Pour retrouver ses chroniques et devenez amis de Nicole Esterolle

Mes chroniques que vous pouvez trouver aussi sur le site : www.schtroumpf-emergent.com
, sur Mic Mag, le magazine des médias libres : www.micmag.net/es/voz-libre , sur www.actuartlyon.com
sur http://ragemag.fr/  et sur le site Défi Culturel :  http://www.sauvonslart.com/ et ( en anglais ) sur le site US, subversify.com
http://subversify.com/2013/04/18/its-official-marcel-duchamp-is-more-contemporary/
et l’interview-profession de foi  que j’ai donné au  magazine en ligne languedocien idem.mag
http://www.idem-mag.com/nicole-esterolle/

je vous recommande aussi
http://blablartcontempourien.wordpress.com/

Cette chronique est envoyée régulièrement par ailleurs à 18 000 journalistes ,  diffuseurs d’art , artistes et décideurs institutionnels  en France…et à tous les parlementaires
Et je compte sur vous pur la diffuser sur vos réseaux

c'est quoi cette poilade?

de l'art ou du cochon?