au sujet du salon d’ art a-contemporain « Les hivernales »

La chronique n° 38 de Nicole Esterolle

10 choses  importantes à noter au sujet du salon  d’ art  a-contemporain  « Les hivernales »

1- le rôle déterminant de  Robert Harroch,, pour l’existence de ce salon d’artistes, qui vient d’avoir lieu à Montreuil du 12 au 16 décembre 2012. Ce riche homme d’affaire franco-israélien. propriétaire du Palais des Congrès de Paris-Est Montreuil, a mis gratuitement ce superbe lieu de 15000 m2 à la disposition des artistes…
… Ceci est important à noter , parce que nous avons là la preuve que les riches amateurs d’art n’ont pas tous la morgue et le cynisme d’un François Pinault par exemple, pour qui l’art n’est qu’instrument d’affichage et de  consolidation du pouvoir et de la fortune, mais qu’il en existe de parfaitement, désintéressés, affables, modestes, véritablement  amoureux des arts et des artistes dans leur diversité, leur foisonnement, leur joyeux désordre et capables de vivre près d’eux pendant une semaine, de parler avec tous, de les aider à l’accrochage et au décrochage des tableaux, etc.

2- la réussite incontestable de cette première édition, avec 9400 visiteurs pour l’inauguration et 16500 au total, qui est  étonnante pour un salon «  périphérique » de 900 artistes, si l’on compare ces nombres à ceux de cet autre salon d’artistes,  « Art en Capital », bénéficiant du centralisme  prestigieux  du Grand Palais et réunissant les œuvres de 2500 artistes…
… Important à noter,  parce que cela prouve que l’art peut se déployer librement,  plus au large, loin des maigres subventions et de la  très  condescendante et asphyxiante mise sous cloche    de l’administration centrale.

3- Une sélection faite par les artistes mêmes. En effet, les 900 artistes présentés dans ces Hivernales, ont été sélectionnés sur 3000 candidatures environ,  par les artistes eux – mêmes inscrits à la MDA, grâce à  un système tout à fait inédit de vote collectif , sur l’ « Agora » installé sur le site internet de la Maison Des Artistes…
… Important à noter,  parce que cela prouve qu’il est possible d’imaginer ici, comme cela pourrait se faire dans les structures institutionnelles, des procédures d’évaluation « démocratiques », où l’expertise et la parole des artistes pourraient être  réintroduites pour remplacer celles des fonctionnaires au service du grand  marché.

4- Un fond de solidarité. Sur les 110 euros de droits d’accrochage par œuvre, 10 sont destinés à un fond de solidarité aux artistes en difficulté financière pour les aider à participer au salon…
… Important à noter, parce que cela prouve qu’il n’y a pas à désespérer d’un regain de  solidarité entre les artistes tel que le souhaite la Maison des Artistes et son président Rémy Aron. (on imagine , face à cette information, le sourire commissératoire d’une critique d’art telle que Judith Benamou- Huet, célèbre hagiographe des collectionneurs milliardaires et des artistes « les plus chers du monde »…

5- une vente totale de 120 œuvres au cours de ce salon…
… Important à noter, parce que ce très modeste chiffre d’affaires généré par ces 120 ventes pour 900 artistes, représente assez exactement celui d’une seule vente dans telle  galerie Perrotin, Lambert  ou Gagosian, à un seul collectionneur PDG de grosse entreprise et gagnant justement 900 fois le salaire du manœuvre de base…

6- L’Assemblée Générale de l’Association La MDA (Maison des Artistes) s’est tenue au sein -même des « Hivernales », ouverte conjointement par Dominique Voynet, Maire de Montreuil et Razzy Hammadi, Député de Seine Saint-Denis…
… … Important à noter, car il se produit là, in-situ, parmi les œuvres, une connexion vivante, inédite et exemplaire entre des responsables  politiques et l’organisation d’ artistes la plus représentative. Il se produit aussi une inédite et fructueuse conjugaison des projets  de Rémy Aron, président de  la MDA, et de Noël Coret, Président  du Salon d’Automne. Le premier se bat depuis plusieurs années pour améliorer le statut des artistes, leur protection sociale et la solidarité entre eux ; le second a su développer le Salon d’Automne, tout en renforçant son indépendance ; les deux étant taxés pour cela de ringards réactionnaires par la branchitude contemporainiste parisienne.

7- Une ouverture à tous les champs de la création plastique, à toutes les tendances, techniques et modes d’expression, mais aussi à 40 nationalités…
… Important à noter, quand on connaît le communautarisme féroce des réseaux qui « tiennent » le champ de l’art contemporain a vocation supra –nationale. Voir en effet , à l’opposé du salon de Montreuil, le Salon de Montrouge, hyper-subventionné et hyper-médiatisé, où accourt la fine fleur orlano – cuiresque de l’AICA, pour « accélérer la carrière »  des « têtards émergents sur la scène artistique internationale », qui sont pour 90% d’entre eux, de petits cortex fraichement décérébrés et reprogrammés en Ecole des Beaux-Arts pour une probabilité de 1% d’émergence effective sur la scène internationale.

8- Le succés de la  section « Happy art »
… Important à noter, car il y a  là comme la réhabilitation d’un art « heureux », coloré, sensuel, enjoué, positif, quand l’esthétique dominante fait plutôt dans la questionnite pathos, déprimante, l’angoisse , le morbide et le catastrophisme spectaculaires.

9-Une inflexion dans la courbe de croissance du « contemporainisme » en art, telle qu’on l’a vue monter de façon inquiétante depuis 3 ou 4 décennies.
… Important à noter, car cet événement semble augurer d’une nouvelle époque : celle d’un art qu’on pourrait appeler «  a-contemporain » ou « post-contemporain » ou « rien à foutre d’être ou non contemporain »… un art de demain en quelque sorte, beaucoup moins obsessionnellement « contemporain » qu’il ne l’est aujourd’hui…un art guéri et libéré, et plus apte assurément à s’inscrire dans une continuité historique.( le contemporainisme étant à considérer comme une tétanie passagère)

10- Un mutisme assourdissant  des médias. Pas un seul des chroniqueurs  d’art – à prétention toujours historicisante pourtant – n’a franchi le périphérique pour aller voir ce qui s’est passé dans ce salon…
… Important à noter, car cela  prouve  encore une fois que la chronique  d’art française ne s’intéresse pas, par principe, à ce qui devrait être   notable par elle,  à ce que son lectorat serait en droit de connaître ; cela prouve qu’elle n’a de tropisme que vers   la jet arty society germano-pratine liée  au business-art   international et qu’elle considère ce  rassemblement   suburbain du sous-prolétariat de l’art, comme une « cour des miracles »  infréquentable parce que susceptible de  compromettre sa carrière et ses maigres piges.

Ce que signifie le succès  de ces « Hivernales »

1-C’est qu’elles apportent la preuve que les notions de générosité, de solidarité, d’affabilité, de respect de la diversité , ne sont pas encore tout à fait disqualifiées  et inopérantes dans le champ de l’art, malgré les incessants procès en  ringardisme, démagogisme, populisme « nauséabond », dont elles sont l’objet depuis des décennies

2- C’est  qu’à partir d’elle,  l’espoir est permis de retrouvailles avec  l’ensemble de la floraison artistique actuelle dans toute sa richesse, sa variété, sa multiplicité.

3-Car c’est avec   cette reconnaissance, pour tous les  artistes de ce temps, de tous bords, de toutes tendances, de toutes origines et de tous « niveaux », d’une égalité du droit de vivre, de créer , de parler, et d’être vus, que pourra se faire, non pas un applatissement où « tout se vaut », comme le craignent certains,  mais au contraire  une ré-organisation « démocratique » du champ de l’art, une reconstruction de vrais  critères d’évaluation esthétique , l’établissement de hiérarchies justes ( comme celles existant en politique à partir de l’égalité en droit d’expression  pour tous les citoyens), des retrouvailles avec le   public des vrais amateurs d’arts aujourd’hui désorienté et dégoûté, la dynamisation des libres systèmes de diffusion de l’art…

4-C’est  sur cette  « plate forme » citoyenne élargie, prenant en compte démocratiquement l’existence  de toutes les espèces florales existantes,  que pourra se faire la  mise en place d’ instances d’évaluation et de décision,  émanant   dès lors des artistes réorganisés et solidaires ainsi que de  l’ensemble des acteurs de l’art , et non plus d’une  minuscule  élite auto proclamée. Une caste  qui s’est arrogé tous les pouvoirs, qui a imposé des critères délirants, qui a  installé le chaos en détruisant toutes les valeurs  patrimoniales et réduit  la presque totalité des artistes au rang de sous-citoyens méprisables sans aucun droit de regard et de parole sur ce qui les concerne.

5-Oui, c’est par cette généreuse ouverture, expérimentée par Les Hivernales, que nous nous libérerons des méfaits de cette caste invraisemblable née de cette effarante  collusion de l’institution avec le business art international, que pourront apparaître et être reconnues de nouvelles formes vraiment « contemporaines » parce qu’ancrées dans la réalité de l’art d’aujourd’hui.

texte que vous pouvez trouver aussi sur
, sur Mic Mag, le magazine des médias libres : www.micmag.net/es/voz-libre , sur www.actuartlyon.com
et sur le site Défi Culturel :  http://www.sauvonslart.com/

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